Billetterie

Kill Bill : Volume 2

de Quentin Tarantino , États-Unis , 2004

Après s’être débarrassée de ses anciennes collègues Vernita Green et O-Ren Ishii, la Mariée (Uma Thurman) poursuit sa quête vengeresse. Il lui reste à régler le sort de Budd (Michael Madsen), puis de Elle Driver (Daryl Hannah), avant d’atteindre le but ultime : tuer Bill (David Carradine).

kill-bill2« Je parierais, écrit Noémie Luciani (dans Quentin Tarantino, Un cinéma déchainé, Capricci, 2013) que Kill Bill tient lieu pour Tarantino de point limite, et que s’en approcher encore serait risquer trop gros. Chaque plaie s’étend et vient étendre la plaie adjacente. De sa peau, on dirait parfois qu’il ne reste rien. Il n’y a plus de lui que ce qu’il aime : les séries Z, les coups, le sang, les combats pleins de mots, les chansons entêtantes, les fortes femmes, les fortes têtes. Collectionneur rieur des meurtres inutiles, voilà qu’il cède aux tentations infiniment sensées de la seule vengeance, rêve le geste en symbole. Bavard impénitent, beau parleur maladif, les mots lui manquent. Kill Bill le tue. » Plus lent, plus lyrique, Kill Bill  2, comparé au premier volume et à son déferlement d’actions, pourrait presque être qualifié d’œuvre psychologique. « C’est toujours du Tarantino, mais à une autre échelle » déclarait David Carradine qui y voyait « une dimension épique digne de David Lean. » De son propre aveu, le cinéaste a souhaité consolider ses capacités techniques, notamment les cadres, afin de produire une image forte. Son travail sur la couleur marque aussi une évolution : les tonalités ocres, envoûtantes, rappellent le Zabriskie Point d’Antonioni (1970). « Le premier volume est marqué par l’influence chinoise, japonaise, et un peu de western spaghetti par-dessus, déclara Tarantino à Michel Ciment et Hubert Niogret lors d’un entretien réalisé à Cannes. Le second est un western spaghetti avec un peu de japonais et de chinois. J’étais conscient de tous les personnages que la Mariée a sur sa liste, car chacun d’entre eux représente un différent sous-genre. Vous voyez Uma Thurman se battre pour se frayer un chemin dans l’histoire du cinéma. » Autre écho : celui du Thriller de Christina Lindberg (1973) dont le sujet est aussi celui d’une vengeance. Dans le même entretien, lorsque la Villa des feuilles bleues du film est évoquée en comparaison avec le Shanghai Gesture de Sternberg (1941), Tarantino répond : « Kill Bill est aussi mon Sternberg et Uma, ma Dietrich. On peut parler du jaune. C’est la première fois que je fais un film avec une couleur dominante, même s’il y a du noir, du rouge bien sûr. Et cette couleur vient de ses cheveux. Mon film s’appuie, comme pour Dietrich, sur sa tête blonde. » Le personnage de Bill, dont la présence se limite à une voix fantôme dans le premier volume, domine l’action dans le second avec la Mariée, tous deux se rendant vers la même destination finale. L’épopée sanguinaire de Kill Bill : Volume 2 s’apaise et soudain le vent peut souffler un air sentimental et intime.

Un second rôle pour Gordon Liu
Dans Kill Bill : Volume 1, Gordon Liu joue le rôle de Johnny Mo, le chef des gardes du corps de O-Ren Ishii. À l’origine, Tarantino se réservait le rôle de Pai Mei, l’instructeur en arts martiaux de la Mariée. Le cinéaste commence à s’entraîner quotidiennement, mais se rend vite compte qu’il ne pourra tout assurer. Il demande donc à Gordon Liu de jouer "le moine aux sourcils blancs", figure récurrente du cinéma de kung-fu hongkongais. Heureuse coïncidence, l’acteur a déjà combattu ce personnage dans Le Clan du Lotus blanc, le film de Lieh Lo (1980).

Un autre Bill ?
Quentin Tarantino avait préalablement choisi Warren Beatty pour interpréter Bill. Lorsque l’acteur se désengage, Tarantino choisit David Carradine : l’acteur (et musicien), également maître de kung-fu, a été rendu célèbre grâce au rôle de Caine dans Kung Fu, série TV des années 1970. Il était aussi le fils du légendaire et très prolifique acteur John Carradine. Il est mort en 2009, à l’âge de 73 ans. On le retrouve aussi à Lumière 2013 dans le merveilleux En route pour la gloire d’Hal Ashby.

La meilleure scène de Carradine
Scène inaugurale de Kill Bill 2. Bill, tant attendu, fait enfin son entrée avec une flûte.  Il attend la Mariée devant la chapelle de Two Pines. David Carradine : « Je vous le dis,  cette scène, elle chante. L’équipe de tournage était toute retournée rien qu’en regardant. Quentin est venu vers moi et m’a dit : "Je crois que c’est la meilleure scène du film pour toi." Et j’ai répondu : "Je crois que c’est la meilleure scène de ma carrière." »

Festival de Cannes
Dix ans après avoir reçu la Palme d’or pour Pulp Fiction, Quentin Tarantino revient au Festival de Cannes en 2004 présenter Kill Bill : Volume 2 hors compétition. Mais il y est aussi un président du jury exemplaire, remettant la Palme d’or à Michael Moore pour Fahrenheit 9/11. Parallèlement, Tim Roth préside le jury de la Caméra d’or. Un vent tarantinesque souffle sur Cannes.

Kill Bill : Volume 2 (Kill Bill : Vol. 2)
États-Unis, 2004, 2h17, couleurs et noir et blanc, format 2.35
Réalisation & scénario : Quentin Tarantino
Photo : Robert Richardson
Musique : THE RZA, Robert Rodriguez, Quincy Jones (Ironside), Ennio Morricone (A Silhouette Of Doom, Il Tramonto –Sundown-, A Fistful Of Dollars, Il Mercenario, The Demise Of Barbara, and the Return of Joe), Johnny Cash (A Satisfied Mind), Charlie Feathers (Can’t Hardly Stand It), Isaac Hayes (Three Tough Guys), Alan Reeves, Phil Steele et Philip Brigham (The Chase), Christophe (Sunny Road To Salina), Lole y Manuel (Tu Mirá), Luis Enrique Bacalov (Summertime Killer), Malcolm McLaren (About Her), Chingon (Malagueña Salerosa), Shivaree (Goodnight Moon), Meiko Kaji (Urami-Bushi), The Wu Tang Clan / RZA (Black Mamba)
Montage : Sally Menke
Décors : David Wasco, Cao Jui Ping
Costumes : Catherine Thomas, Kumiko Ogawa
Production : Lawrence Bender, Miramax International, A Band Apart
Interprètes : Uma Thurman (la Mariée), David Carradine (Bill), Michael Madsen (Budd), Daryl Hannah (Elle Driver), Gordon Liu Chia-hui (Pai Mei), Michael Parks (Esteban Vihaio), Bo Svenson (le pasteur), Perla Haney-Jardine (B.B.), Christopher Allen Nelson (Tommy Plympton), Larry Bishop (Larry Gomez), Samuel L. Jackson (Rufus)
Sortie aux Etats-Unis : 16 avril 2004


Présentation au Festival de Cannes : 16 mai 2004
Sortie en France : 17 mai 2004

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